Syndrome MINA” : une nouvelle maladie génétique qui affecte les muscles identifiée par des scientifiques

Syndrome MINA" : une nouvelle maladie génétique qui affecte les muscles identifiée par des scientifiques

Des douleurs diffuses, une fatigue qui s’installe, des gestes qui se dérèglent : des familles cherchent des réponses, la science aussi.

Aux États-Unis, une équipe de l’Université du Missouri décrit un tableau clinique jusque-là non répertorié, lié à une mutation rare. Le trouble porte un nom technique, “Mutation in NAMPT Axonopathy”, abrégé en syndrome mina, et touche d’abord les neurones qui commandent les muscles.

Ce que révèle la découverte

Les chercheurs ont suivi plusieurs années deux personnes présentant une faiblesse musculaire progressive et des problèmes de coordination sans cause identifiée. Le séquençage génétique, puis des tests fonctionnels, ont mis en cause une variante du gène codant la protéine NAMPT. Cette enzyme soutient la fabrication d’énergie cellulaire. Quand elle se dérègle, l’équilibre énergétique chute et les cellules souffrent.

Les motoneurones semblent payer le prix le plus élevé. Ces cellules allongées, qui transmettent les ordres du cerveau vers les muscles, consomment beaucoup d’énergie. Leur long axone doit rester alimenté en continu pour maintenir le signal nerveux. Un déficit énergétique prolongé entraîne une dégradation des fibres nerveuses, puis des muscles qu’elles commandent.

Le syndrome mina correspond à une neuropathie axonale liée à une anomalie de NAMPT, avec faiblesse musculaire progressive et troubles de la coordination.

Quels signes doivent alerter

Les manifestations décrites varient selon les personnes et l’avancée de la maladie. Elles s’installent souvent lentement.

  • Faiblesse musculaire des jambes, puis gêne pour se lever, monter les escaliers ou marcher longtemps.
  • Troubles de la coordination, démarche instable, chutes plus fréquentes.
  • Déformations des pieds (pieds creux, orteils en griffe) liées à un déséquilibre des muscles.
  • Crampes, fatigabilité rapide après un effort, douleurs diffuses.
  • Dans les formes sévères, besoin d’une aide à la marche ou d’un fauteuil roulant.

Les symptômes progressent à un rythme variable et n’évoluent pas tous au même moment chez un même patient.

Ce qui se passe dans les cellules

NAMPT, pour nicotinamide phosphoribosyltransférase, alimente la voie de sauvetage du NAD+. Cette molécule régule des réactions clés de production d’énergie et de réparation cellulaire. Une mutation qui diminue l’activité de NAMPT réduit la disponibilité en NAD+. Les mitochondries travaillent moins bien, les axones manquent d’énergie, et la conduction nerveuse se dérègle.

Le stress métabolique s’accumule alors dans les fibres nerveuses les plus longues. Les jonctions neuromusculaires perdent en efficacité. À terme, les muscles innervés s’affaiblissent et se transforment, ce qui explique les déformations observées.

Pourquoi les motoneurones sont touchés

Leur architecture les rend vulnérables. Un axone peut mesurer des dizaines de centimètres. Il doit acheminer protéines, lipides et énergie jusqu’aux extrémités. La moindre panne de ravitaillement provoque un goulot d’étranglement. Le déficit énergétique répété abîme le câble nerveux, avant d’endommager l’ensemble du circuit mouvement-muscle.

Comment les scientifiques ont avancé

Le travail se base sur l’analyse clinique des patients, la génétique moléculaire et la validation biologique. Les équipes ont recherché des variantes rares partagées, puis évalué l’impact sur la fonction de NAMPT. Les résultats décrivent un lien plausible entre la mutation et la neuropathie motrice.

Élément Détail
Nom du trouble Syndrome mina (Mutation in NAMPT Axonopathy)
Protéine en cause NAMPT, enzyme clé de la voie de sauvetage du NAD+
Tissus les plus exposés Neurones moteurs et nerfs périphériques
Signes principaux Faiblesse musculaire, ataxie/coordination, déformations des pieds
Données initiales Deux patients étudiés, publication dans une revue à comité de lecture
Pistes thérapeutiques Renforcement du métabolisme énergétique, augmentation ciblée du NAD+ (recherche en cours)

Aucun traitement validé ne corrige à ce jour la cause du syndrome mina. Des approches énergétiques se testent au laboratoire.

Pistes de prise en charge aujourd’hui

La stratégie actuelle vise à préserver la mobilité, limiter les douleurs et prévenir les complications orthopédiques. L’accompagnement s’adapte à chaque situation clinique.

  • Kinésithérapie pour entretenir force, amplitude articulaire et équilibre.
  • Ergothérapie pour adapter les gestes du quotidien et l’environnement de vie.
  • Orthèses plantaires ou chevillères pour stabiliser la marche et soulager les déformations.
  • Gestion de la douleur et des crampes avec des approches non médicamenteuses et, si besoin, des traitements ciblés.
  • Suivi de la fatigue et aménagement des activités physiques pour éviter les à-coups d’effort.
  • Évaluation régulière par un neurologue et, selon l’évolution, avis en médecine physique et réadaptation.

Quelles recherches à venir

Plusieurs pistes se dessinent. Les équipes testent des façons d’augmenter l’énergie dans les neurones atteints, par exemple en modulant les voies qui régénèrent le NAD+. Des précurseurs du NAD+ comme le nicotinamide riboside ou le NMN font l’objet de travaux précliniques dans des maladies neuromusculaires. Leur intérêt dans le syndrome mina demande des essais rigoureux, avec des critères d’efficacité clairs et un suivi de sécurité.

Des registres de patients aideront à décrire l’évolution naturelle, à préciser les phénotypes et à identifier des biomarqueurs. Une meilleure cartographie des variantes de NAMPT permettra de distinguer les formes plus sévères des formes lentes, et d’éclairer le mode de transmission au sein des familles.

Ce que peuvent faire les familles

Un avis en neurologie ouvre la voie à un bilan standardisé: examen clinique, électroneuromyographie, imagerie ciblée, et, si nécessaire, analyse génétique. Une prise en charge précoce limite les rétractions tendineuses et retarde les déséquilibres posturaux. Un carnet de suivi des symptômes, des chutes et de la fatigue aide l’équipe soignante à ajuster les séances de rééducation et le matériel d’aide à la marche.

Mieux situer le syndrome mina dans le paysage des neuropathies

Le tableau se rapproche de certaines neuropathies axonales héréditaires et se distingue d’affections comme la sclérose latérale amyotrophique par son rythme d’évolution et l’atteinte spécifique décrite. La présence de déformations des pieds évoque aussi des neuropathies de type Charcot-Marie-Tooth, ce qui justifie un diagnostic différentiel attentif. La génétique permet de trancher et de proposer un conseil familial adapté.

Des repères pratiques pour le quotidien

Une activité physique régulière, à intensité modérée et sans impacts, entretient la fonction musculaire: vélo doux, natation, renforcement léger. Les pauses régulières préviennent les poussées de fatigue. Un test simple, comme la mesure de la distance en 6 minutes de marche chaque mois, fournit un indicateur chiffré de progression et oriente les ajustements de rééducation.

Les infections, les nuits trop courtes et le stress métabolique majorent la fatigue. Une vaccination à jour, un sommeil régulier et une alimentation équilibrée favorisent un niveau d’énergie plus stable. Le suivi multidisciplinaire réduit les risques cumulés: entorses liées à l’instabilité, douleurs chroniques, isolement social. Des dispositifs d’aide existent pour l’école, le travail et les transports; un dossier MDPH ou un aménagement de poste peut faciliter la vie active.

Un diagnostic posé change la donne: il oriente la rééducation, sécurise le quotidien et ouvre l’accès aux essais cliniques futurs.

La description du syndrome mina marque une étape pour la communauté scientifique et pour les patients aux symptômes inexpliqués. Elle apporte une cible biologique, NAMPT, et un cadre clinique. Avec davantage de cas documentés, la recherche affinera le pronostic, mesurera l’impact des soins de support et testera des thérapies qui renforcent l’énergie des neurones moteurs. Les personnes concernées gagnent déjà un mot pour nommer leurs difficultés et un chemin de prise en charge structuré.

Comments

2 responses to “Syndrome MINA” : une nouvelle maladie génétique qui affecte les muscles identifiée par des scientifiques”

  1. Laura3 Avatar
    Laura3

    Merci pour cet article très clair. Connaît-on des critères diagnostiques précis pour distinguer le syndrome mina des CMT ou d’une SLA à évolution lente? En France, quels labos proposent le séquençage ciblé de NAMPT, et est-ce remboursé? Un protocole de suivi (ENMG, test de marche de 6 minutes, orthèses/kiné) est-il déjà recommandé par une société savante ou un centre neuromusculaire? J’aimerais pouvoir orienter mon médecin vers des références fiables.

  2. charlottemiracle Avatar
    charlottemiracle

    Deux patients seulement, ça fait un peu léger pour parler d’un “syndrome” nouveau, non? Sans groupe controle ni cohorte, le lien mutation → phénotype me paraît fragile. Publication dispo en open access?

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